En 2003, Jean-Yves Le Drian avait prononcé, à la Fête de la Rose de la 8 ième circonscription, qui se déroulait à l'époque à Mellac, le premier discours de sa campagne régionale
victorieuse. Six ans plus tard, le 27 septembre, c'est aussi à la Fête de la Rose de la 8e circonscription, mais à Scaër, que Jean-Yves Le Drian a pris la parole. Mais le président de la Région a
appelé les 250 socialistes présents à ne pas prendre cette coïncidence comme un présage de victoire. Car c'est une campagne difficile qui attend la gauche au mois de mars.
"La droite ne supporte pas l'existence de contre-pouvoir", a souligné Jean-Yves Le
Drian. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle a lancé ses projets de réforme territoriale. "Ce ne sera pas une promenade de santé, ce sera une bataille contre la droite, et pour la
Bretagne", a annoncé le président sortant, candidat à sa succession, qui s'est concentré, durant
son intervention, sur les grands sujets de préoccupations des Bretonnes et des bretons.
D'abord, la crise du lait. Les 17 000 producteurs ou les salariés de l'industrie agroalimentaire ne sont pas les
seuls concernés. C'est toute la Bretagne qui doit s'engager dans cette bataille, "essentielle" pour Jean-Yves Le Drian, car c'est le lait qui dessine nos territoires, qui permet
l'activité dans nos campagnes. Mais il est important de rappeler les responsabilités de chacun dans le déclenchement de cette crise. Car la révision de la Politique Agricole Commune (PAC) ne doit
pas intervenir avant 2015. Or, c'est sous la présidence française de l'Union européenne qu'a été avancée l'idée de la suppression des quotas. L'Allemagne et l'Autriche s'y sont opposées. Mais pas
la France. A quatre reprises, pourtant, il aurait été possible de dire non. Mais à chaque fois le ministre français de l'Agriculture est resté silencieux. Faut-il se cantonner dans l'incantation
et se borner à dénoncer le double langage de l'UMP et du syndicat agricole majoritaire ? Non. "Nous devons clairement définir le type d'agriculture que nous voulons développer", a insisté Jean-Yves Le Drian. Soit le modèle industriel de type danois où la production est
concentrée entre quelques producteurs. Soit une agriculture territorialisée, sociétale, qui irrigue tous les territoires. Pour y parvenir, trois conditions sont indispensables : d'abord un
moratoire sur le projet de suppression des quotas, ensuite une clause de “revoyure” de manière à évaluer les résultats de la PAC et, enfin, la mise en place de nouveaux outils de
régulation.
Autre sujet qui concerne toute la Bretagne, les algues vertes. Car l'image de la région est touchée. Il s'agit
d'une question qu'il ne faut pas nier ou occulter. Au contraire, il convient d'en parler, en employant le langage de la vérité. Il faut maintenant élaborer un plan partagé par tous les acteurs,
dans le dialogue et la concertation, sans jeter l'anathème sur les uns ou les autres. D'autant que rien ne pourra se faire sans les agriculteurs, qui respectent pour la très grande majorité les
normes européennes. Mais, sur certains versants, ces normes ne sont pas pertinentes car l'objectif doit être zéro nitrate. "Quel dommage que les contrats territoriaux que tu avais mis en place n'existent plus", a regretté Jean-Yves Le Drian, s'adressant à Louis Le
Pensec.
Vers la "Glaz Economie"
Aucun secteur n'est épargné par la crise. Le taux de chômage moyen, en
Bretagne, a progressé de 12 % en un an. Pour les jeunes, ce taux atteint les 35 %. Pourtant, il existe en Bretagne des pistes pour l'après-crise. Dans la filière automobile, autour de la voiture
électrique et des synergies qui peuvent se développer “Ce ne sera pas une
promenade de santé” entre les batteries électriques à Quimper et les usines d'assemblage à Rennes. Mais aussi dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la
communication. Ou, enfin, dans la région de Brest, les projets d'éoliennes offshore flottantes. Grâce à ses savoir-faire et son esprit d'innovation, la Bretagne peut préparer l'aprèscrise, qui
alliera l'économie verte, durable et les technologies de la mer. "Or, en breton, glaz, désigne à la fois le bleu et le vert. C'est donc "la glaz économie" que nous
allons inventer".
Mais comment faire aujourd'hui ? Quelle peut-être l'économie de transition ? Car c'est maintenant qu'il faut apporter des réponses aux salariés des entreprises qui licencient, comme la SBFM à
Caudan ou les papeteries Mauduit à Quimperlé. Pour Jean-Yves Le Drian, deux conditions sont indispensables. D'abord, mettre en place la sécurisation des parcours professionnels de manière à ce
que les salariés puissent participer à la reprise qui interviendra d'ici 2, 3 voire 4 ans. Et, ensuite, affecter l'argent public auprès des entreprises qui investissent vraiment dans des projets
d'avenir, créateurs d'emplois et de richesses.
"L'économie mécano, plutôt que l'économie casino".
Pour inventer cette économie de transition, Jean-Yves Le Drian propose à tous les Bretons un
"Breizh storming" de manière à tirer le bilan des 6 dernières années et orienter le projet pour celles
qui viennent.
Depuis 2004, Jean-Yves Le Drian et son équipe de gauche ont commencé à remettre la Bretagne en mouvement. Cette
envie de Bretagne doit être poursuivie. Pour cela, il faut réunir un triptyque : un projet,
élaboré avec les Bretons, une équipe, composée de toutes les formations qui se reconnaissent dans cette volonté de bâtir une Bretagne du mouvement et de la solidarité et un président. Voilà la
formule gagnante. S'il manque un de ces éléments, l'alchimie ne pourra pas s'opérer.
Cap Finistère