Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 10:32

 

Aninha et Junior tiennent une petite boutique à l’entrée du village. On y trouve des produits d’épicerie, quelques vêtements, des boissons. 15 m2 peut-être, on en a vite fait le tour.  Peu de clients car des boutiques comme celle là, il y en a des dizaines ! Comme il n’y a pas de travail, les gens essayent de gagner un peu d’argent en ouvrant un petit commerce.

20-001.jpeg


20-002.jpeg

20-028_2.jpeg

Ils ont deux enfants, Lucas et Berteis qui vont à l’école du village et jouent de la musique. Les familles pauvres reçoivent de l’argent quand ils envoient leurs enfants à l’école. Cette mesure récente a permis d’augmenter, de 50%, la scolarisation. Junior voudrait bien acquérir une voiture: il ferait le taxi pour conduire des gens à Natal. Il faut souvent aller dans cette grande ville pour les formalités administratives, les soins, les achats... Environ 160 Km aller et retour, compter au moins 3h, plus le temps en ville; le tarif est voisin de 120 réals, soit un peu plus de 50 euros alors que l’essence est presque aussi chère que chez nous. Mais pour acquérir ce véhicule, il doit emprunter et le taux du crédit est si cher qu’en 5 ans il remboursera le double de la somme prêtée !


 

Autour de leur maison, ils ont beaucoup d’arbres fruitiers que Junior cultive avec amour et compétence. 20-008.jpegIls ont, en particulier, des citronniers dont l’un est couvert de petits citrons extraordinairement parfumés et juteux.  Je lui en ai demandé quelques uns pour emporter en France; il m’en a donné un gros sac et jamais il n’a voulu accepter d’argent !

 

20-022.jpeg

                                                           ***

Louisia est une bonne vivante, elle parle fort et est toujours d’accord pour faire la fête. Elle adore préparer de bons petits plats. Depuis 2 ans elle s’est lancée dans la culture des algues. Pour investir, elle a reçu une aide du gouvernement et l’autorisation d’utiliser l’espace maritime.

23-005.jpeg

 

Son travail - qui mobilise aussi toute la famille - n’est pas de tout repos: tous les jours, quand la mer est basse, il faut aller inspecter toutes les «cordes» où poussent les algues, en mettre en place de nouvelles, récolter celles qui sont mûres.

33-008

 On est dans l’eau presque jusqu’au cou et il faut prendre garde aux rochers coupants qui vous blessent les pieds. En attendant la marée, toute la famille prépare les «cordes» en les ensemençant avec de jeunes algues.  Une fois récoltées, il faut les couper, les trier, les sécher... avant de charger les camions qui les transportent vers les usines chimiques où elles seront transformées en divers sous produits pour l’alimentation, les cosmétiques, etc...

 

33-004

***

Niho est pêcheur, propriétaire de sa «jangada», bateau traditionnel que l’on voit partout sur cette côte des états du Norde.  Nous en reparlerons plus loin. Il faut voir les pêcheurs debouts sur leur frêle esquif affronter les déferlantes pour prendre le large, dès 4 heures du matin.

31-051.jpeg

Ils reviennent vers midi, mais le poisson se fait rare et leur vente suffit à peine à nourrir chichement des familles souvent grandes. Peu de poisson et beaucoup de pêcheurs car c’est l’activité traditionnelle des gens d’ici et il n’y a guère d’autre travail à leur proposer.

 

Niho a 9 enfants. Sur cette photo,  il est avec Franciane (2 ans) qui a failli mourir, il y a quelques jours: elle a été renversée par un camion qui est passé sur elle mais les roues ne l’ont pas touchée.

23-008.jpeg

L’aîné, Francisco, à 15 ans et le dernier-né, Joao-Felix, 1 mois. Ces deux beaux garçons,  sont José-Francielton et Fabricio.

23 009

Sa maison est beaucoup trop petite, il voudrait l’agrandir mais il n’a pas assez d’argent pour acheter les parpaings et le ciment nécessaires pour une construction sommaire. 


23-010.jpeg

Son épouse, Neidinha, fait des galettes que ses enfants vont vendre de porte à porte.

11-004

***

Gemisom a 18 ans. Il est fou de musique et tient le synthétiseur de l’orchestre de l’église. 

11-001.jpeg

Cet orchestre qu’ils ont nommé «Anges et Archanges» comporte aussi différentes guitares électriques ou classiques, violons, batteries, table de mixage... En plus, plusieurs chanteurs et chanteuses les accompagnent

 

Ils se font bien entendre et tous les chants religieux sont «enrichis» de rythmes brésiliens. Lors de offices, les participants les accompagnent en chantant et en s’agitant beaucoup : ferveur et gaité !

 

Ils donnent aussi des concerts et ont édité un CD. Ils font tous des petits boulots afin de pouvoir acheter et entretenir leurs instruments. Les Sœurs les aident aussi car elles estiment que la passion de la musique éloigne les jeunes de l'alcoolisme et de la drogue qui sont des fléaux très répandus dans ces villages où le travail manque cruellement.

 

Un jour, nous sommes allés à Natal (grande ville et capitale de la province) pour acheter un nouveau synthé car le «vieux» était mort. Gémisom devait choisir. Mais tous ceux qu’il essayait - et qui entraient dans son budget - ne lui plaisaient pas du tout. Par contre, il devint rayonnant quand il essaya un autre modèle mais impossible de l’acheter: trop cher ! Il ne parvenait pas à se décider, il vivait visiblement un calvaire ! Je n’ai pas pu supporter sa déception: j’ai sorti de ma poche le petit complément nécessaire à cet achat et sa joie à éclaté, il ne pouvait plus arrêter de jouer, notre «archange» était «aux anges» !

30-005-copie-1

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
<br /> C'est passionnant, Jean, cette série d'articles sur ton voyage dans le nordestre brésilien!<br /> <br /> Je ne suis pas certain de ramener autant de "matière" de mon périple costarmoricain, quoique...<br /> <br /> Un peu d'air frais ne fait pas oublier que chez nous, l'entreprise Sarkozy and Cie continue un travail de sape de la République. Ce gouvernement UMP monte les français les uns contre les autres,<br /> exarcerbe les différences, stigmatise les gens du voyage et organise des... rafles! On rappele que 95% des 400 000 gens du voyage sont français et un tiers sont nomades.<br /> <br /> Cette surenchère sécuritaire ne peut pas masquer un échec accablant dans ce domaine depuis 2002...<br /> <br /> <br />
Répondre

  • : Section PS Clohars Carnoët - Le Pouldu - Doëlan
  • : Blog de la section du Parti Socialiste de Clohars-Carnoët qui traite de la vie locale et municipale comme de l'actualité nationale ou internationale.
  • Contact

Recherche