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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 15:52

Sommes-nous obligés de tomber dans le panneau que nous tend complaisamment Nicolas Sarkozy ?

La multiplication de ses annonces vendredi à Grenoble et la surenchère qu’elles traduisent ne sont que des leurres. Le chef de l’Etat veut fuir le débat sur son bilan en matière de sécurité, domaine où il se sait fragile. Alors il cherche à détourner l’attention des médias, et donc de l’opinion. Et quelle meilleure manière que de ressortir sa vieille recette de la provocation?

L’Elysée est bien plus angoissé qu’on ne le croit, par la décomposition de sa politique de sécurité. Il sait que la situation ne cesse de se dégrader.

Il connaît les chiffres terribles qui ne cessent de s’additionner: l’augmentation de 14 % des «atteintes volontaires à l’intégrité physique» (coups et blessures, homicides..) depuis 2003, la détérioration des conditions de travail des policiers et des gendarmes (6000 blessés en 2009 lors d’une action de police, 12% d’augmentation des agressions envers les personnes dépositaires de l’autorité publique).

Il ne peut dissimuler la destruction massive des emplois dans nos forces de sécurité: près de 10.000 depuis 4 ans. Alors même que le directeur général de la police nationale évoque déjà une nouvelle vague de RGPP (Révision générale des politiques publiques) pour 2012-2013 qui pourrait se traduire par la suppression de 3.963 emplois supplémentaires. En sus, mieux que personne, il est au courant des inégalités territoriales qui perdurent. Ainsi par exemple, la circonscription de sécurité publique de St Denis qui compte 105.000 habitants ne peut compter que sur 300 policiers alors que celle du 5ème arrondissement où vivent 53.000 personnes en compte 350!

Il n’ignore pas la clochardisation des services qui ne cesse de progresser. L’an prochain, dans le projet de loi de finance, le budget de fonctionnement de la police s’établira à 950 millions d’euros contre 1032 en 2010 et 1100 en 2007. Celui de la gendarmerie prévoit une baisse des crédits de fonctionnement supérieure à 20%…

Il est parfaitement au courant que les lois dont la nature essentielle est leur caractère spectaculaire et qu’il ne cesse de faire voter par sa majorité ne servent à rien. Que 40% des incriminations pénales en vigueur ne sont jamais utilisées.

Il sait tout cela, alors il parle et cherche à choquer pour faire oublier son échec.

C’est avec cette ambition volontairement provocatrice qu’il agite le chiffon rouge de l’immigration. Il devine que la gauche va avoir envie de le suivre sur ce terrain totalement idéologique, il connaît notre capacité à nous enflammer pour combattre ses tentations réactionnaires. Mais il n’a pas oublié l’épisode de l’annonce, le 8 mars 2007, pendant la campagne présidentielle de son «ministère de l’identité nationale».

Dès le lendemain, le tollé était unanime. François Hollande avait dénoncé le flirt poussé avec les thèses du FN. Bayrou avait renchérit en estimant qu’en «enfermant dans la même phrase immigration et identité nationale», Sarkozy avait franchi une frontière. Marie-Georges Buffet avait jugé que «les masques tombaient et que Nicolas Sarkozy était dangereux pour la démocratie et pour les valeurs de la République». Sans compter les cris de la Ligue des Droits de l’Homme et ceux de SOS Racisme ou du MRAP.

Nicolas Sarkozy avait volontairement provoqué; et à ceux, à l’instar de Simone Veil ou d’Antoine Rufenacht, qui lui avaient exprimé leur désapprobation, il avait répondu qu’il l’avait fait pour sortir du marécage dans lequel il était en train de s’enfoncer avec le leurre Bayrou.

Ghislaine Ottenheimer le raconte dans son livre Le sacre de Nicolas, petits et grands secrets d’une victoire paru en mai 2007 au Seuil. C’est page 251. «En réalité le stratagème est toujours le même. Lorsqu’il dit « la France, on l’aime ou on la quitte » ou quand il parle « des moutons qu’on égorge dans les baignoires », il fait de la provocation afin de susciter une réaction de la part des médias, de la gauche bien pensante, bref, du microcosme germanopratin si souvent décrié. Ainsi il se repositionne en candidat anti-système. Il apparaît comme l’homme qui parle vrai, qui bouscule. Il fait d’une pierre deux coups. Un clin d’œil à l’électorat du FN, à tous ceux qui en ont marre de voir la France céder à un communautarisme insidieux. Et en même temps, il clive l’opinion, remobilise son camp. «Plus la gauche vocifère, plus on engrange», confie d’ailleurs Henri Guaino».

C’était il y a 3 ans. La recette est la même. Nous ne sommes pas condamnés à avoir la mémoire courte.

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commentaires

P
<br /> Il sait y faire le bougre ! Déjà "l'affaire du voile" avait fait diversion. Une bonne polémique populiste pour amuser les médias et l'opposition ...<br /> Oui JJU a raison, ne nous laissons pas manipuler par ce marionnettiste.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> En clair çà veut dire qu'il faut le laisser faire ?<br /> Etrange renoncement<br /> <br /> <br />
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